Début septembre, l’intervention d’une force armée internationale a été fortement plébiscitée par les instances onusiennes afin de venir en aide à un pays paralysé.
Blocages des routes, pénurie d’essence, pannes des réseaux d’électricité, inflation record, manifestations meurtrières, usines à l’arrêt… la population haïtienne vit depuis des mois une crise économique, politique et sociale sans précédent. L’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, suivie un mois plus tard par un important séisme a laissé un pays exsangue, contrôlé par des gangs armés de plus en plus violents.
Le climat d’insécurité perdure et s’est intensifié tout l’été.
Les enlèvements, demandes de rançon, destructions, pillages et assassinats se multiplient à Port-au-Prince et se propagent au-delà.
Les familles se confinent pour se protéger et n’ont plus la possibilité de travailler ou, lorsqu’elles peuvent se déplacer, ne peuvent pas vendre le fruit de leur culture. Sans sources de revenus, les familles déjà très vulnérables sombrent complètement dans la misère.
En une année, l’inflation a augmenté à 63% et le coût de l’essence a doublé.
Depuis janvier 2022, le coût du riz est 26% plus cher et celui des haricots l’est de 30%. La situation est extrêmement tendue pour beaucoup de familles qui n’ont plus les moyens de se nourrir.
4,7 millions de personnes sont actuellement en situation de crise alimentaire, soit près de la moitié la population totale du pays.
Aujourd’hui, plus de 1,8 millions d’enfants ne peuvent manger à leur faim.
De plus, le manque sévère en eau potable ainsi que le risque de propagation du choléra – transmis par l’eau – menacent lourdement la sécurité sanitaire de tout le pays, faisant craindre la plus grande perte de vies humaines depuis la dernière épidémie qui avait ravagé le pays en 2018. Dans le courant du mois d’octobre, une accélération de l’épidémie fait état de 1700 cas, et les enfants sont encore une fois gravement touchés puisqu’ils représentent plus de 40% des cas de la maladie.
Compte tenu de la situation actuelle, la rentrée scolaire qui devait avoir lieu de 5 septembre, a été reportée d’un mois. Mais depuis le 3 octobre, ce sont surtout des classes vides partout dans le pays qui ont symbolisé un retour à l’école sous haute tension. Le peu d’écoles qui ont tenté d’ouvrir leurs portes ne peuvent fonctionner normalement. Les enseignants ne parviennent plus à se rendre sur leur lieu de travail en raison des pénuries d’essence, des blocages de routes et d’un contexte économique instable. A la capitale, les parents d’élèves n’envoient pas leurs enfants à l’école de peur des représailles des gangs. Partout, les familles n’ont plus les moyens de payer les frais de scolarité, les uniformes obligatoires ou le matériel.
Cette situation instable, qui s’inscrit dans la durée, nécessite de continuels ajustements dans nos projets. Pouvoir aller sur le terrain et faire son travail est un immense défi quotidien pour les équipes de nos partenaires. La Timkatec n’a toujours pas pu ouvrir ses portes mais doit continuer à prendre soin des jeunes internes. Trouver de l’eau et de la nourriture est un challenge de tous les jours.
Nous rendons hommage à nos partenaires sur place qui continuent de se battre chaque jour pour que les droits des enfants soient entendus et respectés.